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Bananes Les Antilles en état d'alerte avant la décision de Bruxelles

Les producteurs antillais sont "alerte rouge" avant la décision de Bruxelles la semaine prochaine qui doit fixer le nouveau dispositif d'importation de bananes dans l'Union européenne, selon Eric de Lucy, président de l'Union des groupements de producteurs de bananes (UGPB).

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"Quinze mille emplois pour une population de 850.000 habitants sont en jeu. Cela risque d'occasionner plus de dégâts, à l'échelles des îles, que les pertes d'emploi dans l'industrie textile en Europe", a affirmé M. de Lucy à l'AFP. En Martinique et en Guadeloupe, les deux départements français des Antilles, la banane est la principale production agricole avec 300.000 tonnes par an, soit 40% de la production européenne. L'association des producteurs européens de bananes (APEB), qui regroupe les producteurs français, espagnols, portugais, grecs et chypriotes, a déploré dans un communiqué que "la Commission européenne ait choisi de fixer le nouveau tarif douanier pour la banane juste avant la conférence (de l'OMC) de Hong Kong de mi-décembre". Le 27 octobre, l'Organisation mondiale du commerce avait rejeté la proposition de l'UE de fixer un tarif douanier de 187 euros par tonne de banane importée, après avoir rejeté une première proposition à 230 euros.

L'OMC estimait que ce tarif était trop élevé et empêchait les exportateurs latino-américains d'avoir un accès équitable au marché. Au 1er janvier 2006, l'UE s'est engagée à supprimer les contingents tarifaires jusqu'alors imposés aux bananes d'Afrique et d'Amérique centrale et du Sud. Pour éviter un envahissement du marché européen par la banane d'Amérique latine, dite "banane-dollar", notamment d'Equateur et du Costa Rica, les deux principaux pays exportateurs, les producteurs européens veulent que le tarif douanier soit assez élevé pour les protéger. Les producteurs antillais et européens craignent que le nouveau tarif qui va être proposé par Bruxelles - entre 170 et 175 euros la tonne selon les experts - ne soit qu'une "poudre aux yeux", selon M. de Lucy.

En effet le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a offert fin octobre de réduire dans une fourchette de 35% à 60% les droits de douane appliqués par Bruxelles sur les produits agricoles. Cette offre, qui a été jugée insuffisante par les grands exportateurs agricoles comme les Etats-Unis ou le Brésil, s'appliquerait au nouveau tarif sur les droits de douane de la banane. "Il n'y a pas de volonté réelle de maintenir une politique européenne de la banane", déplore M. de Lucy, qui juge au passage que "la France a perdu la main sur le dossier agricole". Reste un petit espoir pour les producteurs européens: une augmentation de "l'aide compensatoire" versée aux producteurs. Bruxelles a mis en place une commission de travail sur le sujet et rendra sa décision en septembre 2006 pour une application au 1er janvier 2007. "Le risque est grand que les moyens financiers nécessaires soient insuffisants pour un dossier économique, social et environnemental considérable", craint toutefois l'Union des producteurs de bananes.

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